Projet d’hébergement

Évaluation du projet


Pour mesurer les retombées du projet Avenue prometteuse, nous pouvions compter sur une équipe d’évaluation externe composée de deux consultantes en recherche, Joëlle Gauvin-Racine et Lorena Suelves Ezquerro, ainsi qu’une chercheure et professeure en travail social à l’UQAR, Lucie Gélineau. Elles avaient pour mandat d’évaluer tant le processus associé à la réalisation du projet que l’impact de la pratique prometteuse, conformément aux exigences du bailleur de fonds établies au début du projet. Rappelons également que l’évaluation a été réalisée en collaboration avec le comité AVEC dans le cadre d’une riche démarche participative.
Les résultats de l’évaluation montrent que les activités menées dans le cadre du projet ont eu des impacts positifs notables sur plusieurs groupes : les femmes hébergées, les femmes survivantes ayant participé au projet, les intervenantes et la Maison de Marthe comme organisation.
Voici donc un aperçu des résultats obtenus. Pour obtenir plus de détails sur la méthodologie ou sur les résultats, nous vous invitons à consulter le rapport d’évaluation complet.

 

Les femmes hébergées

Premièrement, les résultats de l’évaluation de l’impact de la pratique prometteuse indiquent une augmentation du sentiment de bien-être chez les femmes hébergées, et ce, dans les différentes sphères de leur vie. Plus spécifiquement, sur le plan de la santé physique, elles se sentent plus en forme en raison d’une amélioration de leur sommeil, de leur alimentation et de leurs habitudes de vie. Quant à la santé psychologique, le mieux-être se traduit chez les femmes par un sentiment de sécurité et d’autonomie, ainsi qu’une meilleure gestion du stress et estime d’elles-mêmes. La collecte de données a même permis de documenter une dimension du bien-être qui concerne davantage la question du sens et de la (re)connexion à la vie, laquelle s’actualise dans le fait de retrouver l’espoir et le goût de vivre. Également, les femmes hébergées remarquent une augmentation significative du sentiment de reprise de pouvoir sur leur vie. Ce changement se traduit par des prises de conscience, des sentiments nouveaux, ainsi qu’une évolution dans leurs attitudes et dans leurs actions.
Deuxièmement, les résultats révèlent que les femmes ont une perception généralement positive de leur expérience vécue à la Maison de Marthe. Plus particulièrement, l’accès à l’hébergement vient répondre à plusieurs besoins essentiels, dont le besoin criant de sécurité chez ces femmes. La possibilité de pouvoir dormir, se reposer et se déposer permet aux femmes d’atténuer un sentiment envahissant d’hypervigilance et de se consacrer à leur processus de sortie de la prostitution. Ce sentiment de sécurité va même au-delà de la sécurité physique : il concerne également la sécurité émotionnelle. En effet, la Maison de Marthe est perçue comme un espace sécuritaire où les femmes se sentent accueillies sans jugements et libres d’être elles-mêmes. Dans le même esprit, la pratique prometteuse nourrit chez les femmes des besoins d’accueil, d’écoute et de soutien grâce aux attitudes de respect, d’ouverture et de bienveillance des intervenantes, ainsi qu’au modèle d’intervention et aux ateliers propres à la Maison de Marthe. Quant à la qualité des relations entre les femmes hébergées, les résultats indiquent un degré de satisfaction plutôt bon par rapport à cet aspect. La vie de groupe à l’hébergement comporte des défis et nécessite de nombreux ajustements, mais globalement, le vivre-ensemble et la solidarité sont favorisés entre les femmes hébergées à la Maison de Marthe. Le fait de côtoyer d’autres femmes survivantes de prostitution vient répondre à des besoins de partage, de lien et de compréhension mutuelle.
Troisièmement, la possibilité de pouvoir séjourner à la Maison de Marthe a permis aux femmes d’opérer des changements significatifs dans leur vie, lesquels se traduisent par un processus de transformation profonde qui touche l’acceptation et la connaissance de soi, une prise de distance critique par rapport à la prostitution, un travail de reconstruction de soi, une reprise de pouvoir sur sa vie et l’espoir d’une vie meilleure.

 

Les femmes survivantes ayant participé activement au projet

Il est intéressant de mentionner que le projet Avenue prometteuse a également eu des retombées sur les femmes survivantes de prostitution qui fréquentaient déjà la ressource et qui se sont impliquées tout au long du projet comme « consultantes », à l’étape de l’évaluation des pratiques et de l’établissement des modalités de l’hébergement, ou comme « coévaluatrices » en prenant part activement au comité AVEC. En considérant leur savoir expérientiel, les femmes survivantes ont mentionné, dans le cadre d’échanges informels, s’être senties écoutées, reconnues et égales, mais surtout valorisées en constatant la pertinence de leur apport au projet. À cet effet, l’une des survivantes membres du comité AVEC déclare avec fierté « On passe d’être utilisées, à être utiles! »*. Elles ont aussi le sentiment de pouvoir contribuer à un projet qui leur tient à cœur et ainsi, de pouvoir redonner à leur tour, après avoir reçu du soutien de la Maison de Marthe dans leur propre processus de sortie. De plus, leur implication leur permet de prendre conscience de leur sagesse et du chemin qu’elles ont parcouru : « On donne du sens à notre vécu » affirme une membre survivante du comité AVEC. Le fait que le service d’hébergement qu’elles avaient imaginé se concrétise ravive l’espoir et renforce la volonté de poursuivre leur engagement. À cet effet, il convient de souligner que la démarche participative unique vécue au sein du comité AVEC a donné lieu à la publication d’un *article scientifique dans la revue Reflets.

 

Les intervenantes

Concernant les impacts du projet « Avenue prometteuse » sur la Maison de Marthe, les résultats montrent que l’organisme a renforcé ses capacités sur le plan de l’intervention. En effet, les intervenantes ont une meilleure connaissance des pratiques d’accompagnement en sortie de la prostitution et des attitudes à privilégier auprès des femmes à soutenir. Quant à la cohésion au sein de l’équipe par rapport aux pratiques d’accompagnement en sortie de prostitution, il semble y avoir une vision partagée parmi les intervenantes en ce qui concerne les éléments clés de la pratique d’intervention à la Maison de Marthe.

 

La Maison de Marthe

Le projet Avenue prometteuse a aussi engendré d’autres changements significatifs sur la Maison de Marthe, notamment en ce qui a trait au positionnement de l’organisme par rapport à ses partenaires du milieu. En effet, le projet a influencé positivement les liens que la Maison de Marthe entretient avec diverses organisations en raison de son action axée sur l’accompagnement des femmes en sortie de prostitution. Les résultats issus des exercices de cartographie sociale révèlent que les différentes activités réalisées depuis le début du projet ont entraîné un renforcement dans les partenariats déjà existants, une augmentation des nouvelles collaborations avec des organisations du milieu et une reconnaissance de l’expertise de la Maison de Marthe en matière de sortie de la prostitution.