Les mythes au sujet des femmes prostituées sont nombreux et la plupart du temps fondés sur l’ignorance et les préjugés. Ils sont véhiculés par les croyances populaires et peuvent influencer la perception et l’attitude à l’égard des femmes exploitées sexuellement.
Ils ont tendance à banaliser l’exploitation sexuelle, à faire porter le blâme sur la personne exploitée sexuellement et à occulter complètement la responsabilité du client prostitueur et celle du proxénète.
Les femmes prostituées subissent régulièrement de multiples formes de violences et ont un taux de mortalité 40 fois supérieur à la moyenne canadienne1. Connaissez-vous un autre métier avec de telles conditions ?
Il s’agit plutôt de la plus vieille oppression du monde. Ce mythe sert à sous-entendre qu’il y en a toujours eu, qu’il y en aura toujours et qu’on ne peut rien y faire. Or des milliers de femmes au Québec souffrent des conséquences de l’exploitation sexuelle.
Penser que la prostitution est le plus vieux métier du monde, banalise le fait qu’elle se base sur l’exploitation de la vulnérabilité de ces femmes.
S’accommoderait-on du viol ou de la torture sous prétexte qu’ils sont vieux comme le monde ?
Certaines femmes affirment en faire le choix et en tirer des bénéfices. Cependant, l’écrasante majorité des femmes déclare qu’elles n’auraient jamais commencé à se prostituer si elles avaient eu une solution alternative.
Il s’agit souvent d’une fausse solution ou d’une absence de choix. Peut-on véritablement parler de choix quand on doit choisir entre la survie et la prostitution ? De plus, saviez-vous que la plupart des personnes prostituées ont vécu des agressions sexuelles (viol, inceste, pédophilie) avant leur entrée dans la prostitution2 ?
Ce sont plutôt des facteurs comme la précarité, les difficultés familiales et la présence d’un proxénète dans l’entourage, qui peuvent rendre les femmes particulièrement vulnérables à l’exploitation sexuelle3.
Les proxénètes repèrent les failles de leurs victimes et utilisent différents stratagèmes comme la séduction, la manipulation ou encore la violence pour que les filles entrent dans la prostitution.
Entretenir ce mythe évite surtout de s’interroger sur les facteurs de risque qui amènent des femmes à se prostituer.
La majorité des femmes ne conserve pas l’argent amassé dans l’exercice de la prostitution4. Le proxénète ramasse la quasi-totalité. Dans tous les cas, l’argent que gardent les femmes de la prostitution est rarement économisé ou investi de façon bénéfique pour elles-mêmes.
Le peu d’argent dont elles disposent est utilisé en priorité pour leur corps qui est leur outil de travail. L’argent va également servir à se procurer de l’alcool et de la drogue permettant de supporter les violences auxquelles elles sont confrontées. 68 % des femmes prostituées souffrent de stress post-traumatique au Canada5.
La prostitution repose sur le principe même de payer l’accès au corps et à la sexualité d’une personne. Qu’importe le montant payé, l’argent ne peut pas justifier l’exploitation sexuelle des femmes.