La recension des écrits
En vue de bonifier le modèle d’intervention de la Maison de Marthe en s’inspirant des plus récentes données, cette revue de littérature avait pour objectif de soutenir la conception de la pratique prometteuse. Une pratique est jugée prometteuse lorsqu’on dispose suffisamment de preuves solides pour affirmer qu’une pratique permet de manière efficace d’atteindre les objectifs d’un programme ou d’une activité (rondpointdelitinerance.ca). Ainsi, ce travail de recension des écrits vient s’ajouter à d’autres démarches de recherches qui soutiennent l’évaluation des pratiques au sein de l’organisme et l’élaboration du modèle d’intervention.
Cartographie sociale
Dans le cadre de l’évaluation externe du projet « Avenue prometteuse », la carte sociale de la Maison de Marthe a été réalisée par les évaluatrices du projet, en collaboration avec la directrice et la coordonnatrice du projet. La cartographie sociale est la représentation visuelle des diverses organisations et individus avec lesquels la Maison de Marthe entretient des liens, à travers son action axée sur l’accompagnement des femmes en processus de sortie de prostitution.
La réalisation de la carte sociale vise à : (1) décrire et analyser l’environnement social de la Maison de Marthe; (2) permettre au comité de suivi et aux personnes responsables du projet de situer leur action dans cet environnement social et (3) d’en apprécier l’évolution au fil du projet. Trois exercices successifs de carte sociale sont en effet prévus tout au long du projet.
Démarche d’évaluation des pratiques actuelles de la Maison de Marthe
Les rencontres de croisement des savoirs (entretiens mixtes) ont eu lieu à deux reprises.
Elles avaient pour objectif de mettre en commun les réflexions et les enseignements tirés des rencontres non mixtes tenues en 2019-2020. Ainsi, nous avons abordé la notion du désistement en parcourant en groupe les étapes significatives lors du processus de sortie et de quelle façon, nous pouvions soutenir ces effets en tant que professionnelles. Le thème de l’accueil a aussi été exploré en date du 18 novembre afin de préciser et de réitérer comment les femmes apprécient être accueillies dans le cadre d’un accompagnement et quelles sont les conditions nécessaires pour que les professionnelles puissent le faire correctement. L’ensemble des rencontres non mixtes et mixtes ont donné lieu à un rapport d’évaluation des pratiques. Cette évaluation représentait une étape incontournable afin de coconstruire le modèle d’intervention à venir et d’enrichir plusieurs éléments. La démarche d’évaluation des pratiques actuelles étant maintenant terminée, le modèle d’intervention est en cours d’actualisation.
Analyse de la situation
Toujours dans l’optique d’enrichir notre modèle d’intervention, une analyse de la situation tenant compte de l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) a été réalisée afin de cerner les problèmes et les besoins des femmes en processus de sortie de la prostitution.
Afin d’élargir notre vision et nos connaissances, nous avons tenu une rencontre avec des intervenantes provenant d’autres organismes communautaires de la ville de Québec (Centre étape, PIPQ et Viol-secours) qui sont appelées également à rencontrer des femmes en situation de prostitution. L’entretien nous a permis d’échanger sur différents thèmes tels que les problèmes de consommation et la difficulté de vivre une transition professionnelle pour envisager une alternative aux activités prostitutionnelles.
Par la suite, deux rencontres auprès de survivantes qui ne bénéficient pas des services de notre organisme ont été effectuées. Ces entretiens ont été fructueux en raison de la finesse des propos rapportés par les survivantes. Ces dernières ont apporté de nombreux détails qui parfois confirment des éléments et ajoutent une plus-value au modèle d’intervention à venir.
Afin de répondre à l’analyse de la situation en adoptant l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+), il sera incontournable de consulter des professionnelles œuvrant auprès de femmes immigrantes, de femmes autochtones et de personnes appartenant au groupe LGBTQ+. Nous avons donc créé des liens auprès d’organismes et des rencontres sont à venir en 2021-2022.
Définition des modalités de l’hébergement
Les rencontres sur les modalités d’hébergement consistent à définir en groupes non mixtes et mixtes les assises du volet hébergement.
Pour définir les modalités de l’hébergement, nous avons tout d’abord réalisé quatre entretiens collectifs non mixtes auprès des intervenantes et de la coordonnatrice de la Maison de Marthe. Nous avons ensuite fait le même exercice auprès de femmes survivantes de la prostitution qui fréquentent l’organisme.
Les entretiens, qui étaient semi-dirigés, abordait sensiblement les mêmes thèmes et possédait la même structure d’animation afin de générer des données comparables pour les deux groupes.
Par la suite, les huit rencontres non mixtes ont été suivies d’un croisement de savoirs. L’objectif de cette rencontre visait à croiser les regards en vue de définir collectivement les modalités de l’hébergement de la Maison de Marthe avec les principales personnes concernées, c’est-à-dire les femmes survivantes de la prostitution (expertes de vécu) et les intervenantes de l’organisme (expertes de la pratique). Étant donné le contexte de pandémie et pour respecter les mesures sanitaires, nous avons dû privilégier une formule de croisement des savoirs réduite en conviant deux représentantes de chaque groupe au lieu de l’entièreté des participantes.
Identifier les points de désaccord entre les deux groupes est une étape essentielle au croisement des savoirs. Avant de confronter les différents points de vue, nous avons procédé, en premier lieu, à la validation de ces données issues des rencontres non mixtes auprès de chaque groupe concerné. Une fois cette étape réalisée, le groupe de participantes s’est engagé mutuellement dans une production commune des modalités de l’hébergement. Pour chaque sujet retenu, les duos de participantes ont présenté leur point de vue et le justificatif qui accompagnait celui-ci. Les femmes survivantes et les intervenantes ont, par la suite, réfléchi ensemble aux différents aspects des thèmes abordés pour tenter d’arriver à un consensus. La rencontre a été close par la validation des points de vue convergents collectés lors des rencontres non mixtes. Encore ici, les participantes devaient confirmer la justesse des propos retranscrits et apporter des modifications au besoin.
Malgré l’envergure de cette démarche, des questions sont restées sans réponse à la fin de ce processus. En effet, certains aspects très polarisants concernant l’hébergement nous ont laissées en suspens avec deux visions, et ce, même si nous avions fait l’exercice de confronter les points de vue divergents. De plus, d’autres questions ont émergé à la suite de la démarche étant donné l’ampleur des détails à penser lors du développement d’un service d’hébergement. Pour statuer sur ces questions, et ainsi définir des balises claires en vue de l’ouverture de l’hébergement, nous avons procédé à la tenue de cinq journées de réflexion avec les intervenantes, la coordonnatrice et la directrice.
Le rapport sur les modalités de l’hébergement fait donc la synthèse des résultats obtenus lors de l’ensemble de ces rencontres, soit huit entretiens non mixtes, un entretien mixte [croisement des savoirs] et cinq journées de réflexion.
La rénovation de la Maison de Marthe
Parallèlement au développement du projet « Avenue prometteuse » qui consiste à enrichir le modèle d’intervention et à offrir aux femmes en sortie de prostitution une alternative sécuritaire d’hébergement, nous étions dans l’obligation de rénover la maison afin de répondre aux exigences du code du bâtiment québécois. Pour remplir ces exigences, il nous fallait mettre aux normes notre résidence. En mai 2020, nous avons accordé un mandat à la firme Lafond Côté architectes, et à la firme d’ingénieurs EXP, afin qu’ils fassent le relevé de l’état existant du bâtiment. Par la suite, ils ont produit les plans et devis d’exécutions pour aller en soumission sur invitation.
En décembre 2020, quatre entrepreneurs ont répondu à notre invitation. Après une analyse comparative des soumissions et sous les recommandations bienveillantes de l’architecte, le plus bas soumissionnaire, l’entrepreneur général Construction Couture & Tanguay a obtenu le contrat de rénovation.
Étant donné que nous sommes un service essentiel reconnu par la Ville de Québec, le service des loisirs a accepté de nous fournir, gratuitement, des locaux d’avril à août 2021 nous permettant ainsi de poursuivre notre mission et les rencontres avec les femmes. La belle saison aidant aux rencontres extérieures dans les parcs ou ailleurs lors des accompagnements dans les ressources ou services publics nous avons pu contrer, jusqu’à une certaine limite, l’isolement des femmes survivantes de la prostitution.
L’ouverture du service d’hébergement de la Maison de Marthe
C’est avec beaucoup d’émotion que le Conseil d’administration et l’équipe de la Maison de Marthe vous annoncent que le 14 février 2022, nous avons ouvert notre service d’hébergement répondant aux besoins spécifiques des femmes survivantes de la prostitution, en leur offrant un lieu sécuritaire qui répondra à leurs besoins.
En effet, la difficulté à combler le personnel de nuit a été l’enjeu qui a forcé l’organisation à repousser l’ouverture d’un mois. Maintenant que notre équipe est complète, nous sommes prêtes à accueillir les femmes. « C’est une vague d’amour pour les femmes en processus de sortie de la prostitution », souligne la directrice de l’organisme, Madame Ginette Massé.
La durée de l’hébergement sera variable soit à court, moyen et long terme, selon les besoins des femmes. Six chambres individuelles seront disponibles. Les femmes hébergées auront droit à l’ensemble des services gratuitement. Une occasion unique pour ces femmes qui désirent sortir du milieu prostitutionnel.